LOUIS DOUMAIN

Le vendredi 20 juin, le pape Léon XIV a reconnu le martyre de cinquante Français morts dans les camps de concentration durant la Seconde Guerre mondiale. Leur cause de béatification, ouverte en 1988 à l’initiative du diocèse de Paris au nom de l’Église en France, a ainsi trouvé son aboutissement. Parmi ces témoins de la foi figure l’abbé Louis Doumain, prêtre du diocèse de Viviers.

Le 13 décembre 2025, à Notre-Dame de Paris, ces 51 martyrs français seront solennellement béatifiés lors d’une célébration commune, en reconnaissance de leur fidélité au Christ jusqu’au don de leur vie.

Louis Doumain (1920-1944)

Né le 7 février 1920 à Cardiff-Edmonton, au Canada, dans une famille ardéchoise émigrée, Louis Doumain revient en France avec ses parents en 1926. Après quelques années à Montpezat puis à Nîmes, il est orienté par son curé, l’abbé Chaudouard, vers le petit séminaire d’Aubenas en 1929. À seulement 16 ans, il entre au grand séminaire de Viviers où il prend la soutane. Naturalisé français en 1941 tout en gardant la double nationalité, il est ordonné prêtre le 19 décembre 1942, à 22 ans. Trop jeune pour une charge paroissiale, il devient professeur et surveillant au petit séminaire d’Annonay.

En juillet 1943, il est réquisitionné pour le Service du Travail Obligatoire et envoyé en Allemagne, au camp du « Lager Marie » et dans une usine chimique de Bitterfeld, près de Leipzig. Malgré les conditions inhumaines, il garde sa soutane, ce qui lui vaut le surnom de « bagnard ». Privé de paroisse, il exerce néanmoins un ministère clandestin : messes, confessions, rencontres d’études, cercles de prière, préparation aux sacrements. Avec des jeunes ouvriers, notamment des jocistes, il anime une véritable vie chrétienne dans la clandestinité.

Rapidement repéré, il devient une cible de la Gestapo. Le 19 septembre 1944, après une messe célébrée en secret dans les bois, il est arrêté avec une quarantaine de prêtres et de militants chrétiens. Interrogé, on lui propose la liberté en échange de l’engagement de ne plus célébrer la messe. Il refuse :
« Tout ce que vous voudrez, mais pas ça. C’est pour cela qu’on m’a fait prêtre. »

Déporté ensuite dans plusieurs camps disciplinaires où les conditions étaient plus rudes encore que dans les camps de concentration, il tombe malade et meurt à l’infirmerie de Spergau le 20 décembre 1944, à l’âge de 24 ans. Sa tombe, marquée seulement d’un numéro matricule, fut heureusement identifiée par un compagnon.

En 1949, son corps est rapatrié en France et inhumé à Saint-Quentin-la-Poterie, dans le Gard, en présence de Mgr Couderc, évêque de Viviers. En 1988, le diocèse de Paris ouvre officiellement la cause de béatification collective des martyrs français de la Seconde Guerre mondiale, dans laquelle figure le nom de l’abbé Louis Doumain.