Le Carême est toujours précédé du fameux carnaval du mardi gras, avec des déguisements de toute sorte et des renversements de rôles. Ainsi, comme au Moyen Âge,
on s’amuse, transgresse les interdits de l’ordre social. Les pauvres s’habillent en riches, les hommes en femmes, des laïcs en religieux, des civils en policiers ou gendarmes… Tout est presque permis pendant 24h, mais que de masques !

Au mercredi des Cendres, début du Carême, par contre, tous ces masques tombent, rangés de côté ou peut-être remplacés par d’autres.

Ce véritable virus, je parle du péché, n’est pas nouveau; c’est même une souche antique et vieille qui vient des origines de notre humanité mais qui sans cesse mute selon les époques.

Déjà saint Paul l’avait diagnostiqué en son temps. Avec des symptômes dévastateurs tels que inconduites, impuretés, idolâtrie, haines, rivalités, jalousie, emportement, intrigues, divisions, etc.

Même si nous sommes déjà atteints, et qui ne l’est pas, et que nous nous croyons porteurs « saints », le vaccin le plus immédiat est sûrement celui déjà prescrit par Saint Paul : « laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Afin de ne pas laisser sans effet la grâce reçue au jour de notre baptême mais qui a sans cesse besoin d’être restaurée, renouvelée. Mais l’Église, dans sa sagesse, sur les conseils du Christ, médecin de nos âmes, a aussi mis en place une trithérapie : partage, prière et jeûne. L’efficacité du traitement réside dans l’équilibre des trois. Certains pensent qu’on peut se contenter de la prière en oubliant le prochain, d’autres vivront exclusivement le partage sans venir se ressourcer dans la prière, certains enfin négligeront le jeûne au moment même ou beaucoup, croyants ou non croyants, redécouvrent ses vertus sur le corps et l’âme. Ces démarches sont d’abord intérieures jaillissant de notre cœur au sens biblique comme ce lieu secret avec le Père.

Le Carême n’est pas seulement une question de relation avec soi et avec Dieu mais aussi une question de relation avec les autres et toute la création. « Cesser de vouloir épater les autres par une apparence de perfection. C’est un masque qui n’a aucune utilité, ni pour nous, ni pour les autres, ni pour Dieu. Soyons des chrétiens en chair et en os qui ne fuient pas leur faiblesse et leur humanité fragile, ouvertes au seul Sauveur. »

Tout au long de ce carême essayons d’être vraiment nous-mêmes et acceptons de nous montrer aux autres tels que nous sommes. Surtout ne portons pas de masques !

Pierre Grillet

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